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Présentation : Comment le Bloc Québécois peut favoriser l'équité fiscale

Photo: Adrien Olichon

Gabriel Ste-Marie

À l'équipe du porte-parole du Bloc Québécois en matière de finances, Gabriel Ste-Marie :

Tout d'abord, nous aimerions vous féliciter pour certaines des mesures d'équité fiscale que votre bureau et votre parti ont soulevées et contribué à défendre.

Canadiens pour une fiscalité équitable a été heureux de constater que, lors de la dernière élection, le Bloc a proposé d'imposer les revenus des grandes entreprises technologiques et d'appliquer la TPS à toutes les transactions des entreprises de commerce électronique au Canada, quelle que soit la plateforme. En plus d'une taxe numérique, nous avons été encouragés de voir le Bloc soutenir l'octroi de fonds supplémentaires à l'ARC afin d'accroître la conformité fiscale, y compris celle des grandes multinationales.

Nous avons également été heureux de voir que la plateforme du Bloc incluait des actions plus fortes contre le changement climatique, notamment en demandant la fin des subventions aux combustibles fossiles, en soutenant le système de tarification du carbone et en proposant des crédits d'impôt pour la rénovation des bâtiments résidentiels et des fermes.

Plus récemment, il était formidable de voir le Bloc faire pression sur le gouvernement Trudeau concernant l'utilisation des fonds publics pour les sociétés qui utilisent des paradis fiscaux. M. Ste-Marie a fait d'excellents commentaires lors des réunions du PQ et des réunions spéciales du COVID ce printemps sur la nécessité de renforcer les règles relatives aux paradis fiscaux. Après les mesures prises par la France et le Danemark, le Bloc a contribué à maintenir cette question dans l'actualité.

Sur ce sujet, nous pensons que nous sommes tous particulièrement alignés et nous espérons pouvoir continuer à maintenir la pression sur le gouvernement pour qu'il fasse davantage pour lutter contre l'évasion fiscale offshore.

Bien que la lutte contre les paradis fiscaux reste une priorité pour nous, il y a d'autres mesures d'équité fiscale sur lesquelles nous prévoyons de nous concentrer au cours de ce Parlement.

 

TAXE NUMÉRIQUE

Un bon nombre des plus grandes sociétés de commerce électronique du monde ont vu leurs revenus et leurs bénéfices monter en flèche pendant cette pandémie alors même que les grandes entreprises ont fermé leurs portes. Nous insistons pour que le gouvernement impose une taxe numérique d'au moins 3% sur les revenus que les géants multinationaux de la technologie tirent des consommateurs et des utilisateurs canadiens

Mais aussi, pour s'assurer que la TPS est appliquée aux importations de services numériques, y compris la publicité. Nous voulons également qu'il supprime la déductibilité commerciale pour les dépenses publicitaires disponible pour les plateformes Internet étrangères.

 

RÉDUIRE LES ÉCHAPPATOIRES FISCALES

Le COVID-19 a aggravé les inégalités et maintenant plus que jamais, nous avons besoin d'une réforme fiscale progressive pour aider à combler ces lacunes et augmenter les revenus pour investir dans des programmes importants. À ce titre, nous continuons de faire campagne pour que le gouvernement élimine les échappatoires fiscales et les dépenses qui profitent massivement aux revenus plus élevés et qui paient aux Canadiens les plus riches. Ces échappatoires légales mais régressives coûtent des milliards de dollars en revenus perdus.

Nous demandons au gouvernement de:

  • Éliminer complètement la déduction fiscale pour options d'achat d'actions, qui est l'une des échappatoires les plus régressives, car plus de 90% de la valeur de cette échappatoire de 1 milliard de dollars va aux 1% les plus riches et les deux tiers aux 0,01% des Canadiens les plus riches.
  • Éliminer la déduction pour frais de divertissement d'entreprise (Même le président américain Donald Trump a éliminé ce type de déduction pour les frais de représentation, tout en conservant celles des frais de repas.)
  • Réduire le crédit d'impôt pour dividendes
  • Capper des comptes d'épargne libre d'impôt à vie de 70000 $
  • Augmenter le taux d'inclusion des gains en capital
  • Limiter les déductions d'affaires à pas plus de 1 million de dollars pour chaque cadre ou employé

 

IMPÔT SUR LA FORTUNE

Cette année, nous nous concentrons également sur la promotion d'un impôt sur la fortune des super riches. Une étude récente du DPB a montré que les 1% les plus riches détiennent plus du quart de toute la richesse au Canada. Alors que la plupart des Canadiens sont aux prises avec cette pandémie, de nombreux milliardaires ont vu leur richesse croître encore plus. Nous publierons un rapport en octobre qui examinera la concentration de la richesse parmi les milliardaires du Canada et explorera ce qu’un impôt sur la fortune pourrait générer sur ces fortunes.

Un impôt sur la fortune annuel à un taux modeste de seulement 1% sur des fortunes de plus de 10 millions de dollars générerait plus de 10 milliards de dollars par an. Les trois quarts des Canadiens interrogés, y compris une majorité de tous les partis politiques, sont en faveur d'un impôt sur la fortune.

 

IMPÔT SUR LES BÉNÉFICES EXCÉDENTAIRES

Une autre disparité qui est apparue ces derniers mois en raison du COVID-19 est que, même si les entreprises sont en difficulté, une poignée d'autres se débrouillent très bien et augmentent leur part de marché. Tout comme il l'a fait lors des guerres mondiales précédentes, le gouvernement devrait envisager un impôt sur les bénéfices excédentaires pour les grandes entreprises qui ont considérablement profité de la pandémie.

 

LES PARADIS FISCAUX

Bien entendu, nous poursuivons également nos travaux sur les paradis fiscaux. Cet été, nous avons publié un rapport montrant que les actifs des entreprises canadiennes dans les paradis fiscaux ont atteint 380 milliards de dollars. Nous prévoyons également un autre rapport qui examine le secteur canadien des soins de longue durée et les liens avec les paradis fiscaux.

Maintenant, surtout avec le COVID-19, et certaines actions internationales des gouvernements français et danois, nous pensons qu'il y a une plus grande opportunité de faire pression sur le gouvernement pour qu'il procède à des réformes importantes.

Nous recommandons spécifiquement au gouvernement de :

  • Traiter les grandes entreprises, y compris les multinationales, comme des entités uniques à des fins fiscales afin qu’elles ne puissent pas utiliser des filiales et des sociétés affiliées pour éviter les impôts.
  • Appuyer l'introduction d'un taux d'imposition international minimum sur les sociétés.
  • Allouer les bénéfices des sociétés multinationales entre les juridictions en fonction de facteurs économiques réels tels que les ventes et l'emploi, comme cela se fait entre les provinces du Canada.
  • Limiter la déductibilité des intérêts à 20% maximum des bénéfices des entreprises (EBITDA), conformément aux recommandations de l’OCDE.
  • Placer des limites strictes sur l'utilisation de la propriété intellectuelle pour transférer les bénéfices vers des juridictions à faible taux d'imposition.
  • Mettre fin aux accords de double non-imposition avec les paradis fiscaux
  • Investir dans des ressources supplémentaires pour enquêter et poursuivre la fraude fiscale des entreprises à l'étranger, et augmenter les sanctions contre les entreprises qui échappent aux impôts et les cabinets comptables professionnels qui les promeuvent

 

TRANSPARENCE D'ENTREPRISE

Nous faisons également pression pour une plus grande transparence des entreprises, notamment en établissant un registre public des bénéficiaires effectifs pour les sociétés privées. D'autres gouvernements tels que l'Ukraine et le Royaume-Uni ont déjà mis en place des registres publics comme outil de lutte contre la corruption, le blanchiment d'argent et l'évasion fiscale.

Nous travaillons avec Transparency International Canada et publions ce que vous payez Canada pour promouvoir une plus grande transparence quant à savoir qui possède et contrôle des sociétés privées. Cette semaine, notre coalition publie un manuel sur la nécessité d'un registre public au Canada.

Nous constatons des progrès dans différentes provinces. La Colombie Britannique a entrepris des consultations pour un registre public des entreprises. Elle a été la première province à adopter un registre public de l'immobilier pour lutter contre le blanchiment d'argent et la hausse des prix des logements. Le Québec, dans son budget de l'an dernier, a annoncé qu'il rendra publiques et consultables les informations sur la propriété effective.

 

AMÉLIORER LES PRESTATIONS POUR LES CANADIENS À FAIBLE REVENU ET VULNÉRABLES

Un autre problème qui a été mis en évidence dans la pandémie est la nécessité de renforcer les soutiens pour les Canadiens et la façon dont ces soutiens sont fournis. Une personne sur dix au Canada ne produit pas ses déclarations de revenus et ne reçoit donc pas d’aides importantes qui font partie intégrante de la stratégie de lutte contre la pauvreté du gouvernement. Le COVID-19 a encore compliqué la situation des Canadiens qui comptent sur les cliniques fiscales bénévoles gérées par la communauté pour produire leurs déclarations de revenus. Bon nombre de ces personnes, comme les personnes âgées, les communautés autochtones et éloignées ou les personnes handicapées, sont également les plus vulnérables au virus.

Le gouvernement fédéral devrait veiller à ce que les prestations continuent d'être versées tant qu'il n'est pas sécuritaire pour les Canadiens vulnérables de recevoir une aide en personne pour déclarer leurs impôts. À plus long terme, il devrait moderniser et simplifier le système fiscal.

D'autres pays, dont le Danemark et la Norvège, ont réduit le coût et la frustration de la déclaration de revenus en fournissant une déclaration automatique aux citoyens. Cette crise est l'occasion pour le Canada de passer également à la production automatique de déclarations de revenus en commençant par les déclarants les plus vulnérables, puis en étendant cette option à tous les Canadiens.

 

CONCLUSION

Ce ne sont là que quelques-unes des campagnes que nous allons promouvoir cette année. Nous serions intéressés de savoir si ces campagnes intéressent votre bureau. Nous serions également intéressés de savoir quels autres sujets fiscaux vous prévoyez de faire une priorité ce Parlement.

 

Photo: Adrien Olichon