Les profits galopants des entreprises et l’enrichissement des milliardaires imposent un véritable débat public sur la justice fiscale.
Un nouveau rapport d’Oxfam révèle que les milliardaires canadiens se sont enrichis de 51 % depuis la pandémie. Au cours des 10 dernières années, 1 % des familles les plus riches au Canada ont accumulé presque 7 fois plus de richesse que les 50 % les plus pauvres de la population.
Ce qui est différent à l’heure actuelle, souligne Oxfam, c’est que pour la première fois en 25 ans, l’extrême richesse et l’extrême pauvreté se sont accrues simultanément.
C’est facile de voir pourquoi. Les biens essentiels, comme la nourriture et l’hébergement, sont devenus inabordables pour beaucoup de gens. Au moins 1,7 milliard de travailleurs vivent dans des pays comme le Canada où l’inflation grimpe plus vite que les salaires.
Mais pour ceux qui se trouvent au haut de l’échelle, l’époque est prospère.
Les dirigeants d’entreprises les mieux payés font maintenant 243 fois le salaire moyen des travailleurs, selon un récent rapport du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA).
Une nouvelle analyse du Globe and Mail démontre que les profits des entreprises ont surpassé les salaires des travailleurs et l’économie. Par ailleurs, une autre étude du CCPA a trouvé qu’il y avait une marge de profit de quarante-sept cents pour chaque dollar d’augmentation de prix.
Nos propres recherches indiquent que les plus grandes sociétés canadiennes ont vu leur marge de profit dépasser la moyenne des 20 années précédentes en 2021, affichant même des niveaux record dans plusieurs cas. Du même coup, 123 des plus grandes entreprises canadiennes ont évité de payer 30 milliards de dollars en impôts.
Selon les résultats d’un sondage mené par Environics, 90 % des Canadiens souhaitent que l’Agence de revenu du Canada poursuive les riches qui font de l’évitement ou de l’évasion fiscale, et élimine les failles fiscales dont ceux-ci profitent. Le gouvernement devrait reconnaître cette situation et enfin agir pour que les entreprises et les riches payent leur juste part.
Ce qui doit changer : nous réclamons de nouvelles politiques fiscales dans le budget 2023
1. Un impôt sur les bénéfices exceptionnels devrait être prélevé sur les profits extraordinaires des grandes sociétés dans tous les secteurs d’activité, en particulier l’industrie gazière et pétrolière canadienne, dont les entreprises ont engrangé des milliards de dollars de profit, en plus de prendre de l’argent public.
2. Hausser le taux d’imposition des entreprises : des décennies de coupures dans les impôts des sociétés n’ont pas mené aux emplois ou à la croissance escomptés. Hausser le taux d’imposition des entreprises de 15 % à 20 % pourrait permettre d’aller chercher 11 milliards de dollars annuellement.
3. Instituer un impôt minimum sur les bénéfices comptables : même en ayant un faible taux d’imposition, les sociétés ont démontré qu’elles trouvaient des moyens de payer encore moins. Pour résoudre ce problème, les États-Unis ont instauré cette année un nouvel impôt minimum sur les profits rapportés par les grandes sociétés à leurs actionnaires, plutôt que sur le montant déclaré aux autorités. Un tel impôt sur les bénéfices comptables au Canada pourrait permettre de récolter 4 milliards de dollars annuellement.
Consultez nos autres recommandations en matière de politiques fiscales dans le Budget fédéral alternatif (BFA).